Rêve comme si tu vivais éternellement. Vis comme si tu allais mourir aujourd'hui.
05 octobre 2006
Rando GR10 - Récit du 3° jour
« Camping de Sare – Camping d’Ainhoa»
« Bien entendu, chacun doit interpréter ces temps en fonction de son chargement. » La prochaine fois, je m’y reprendrai à 2 fois en lisant cette phrase du bouquin du GR10. Petite désillusion pour moi qui pensais avoir une certaine forme, j’ai compris que je n’étais pas un surhomme ! D’après des études scientifiques, il est conseillé qu’un homme porte 17kgs au maximum. J’en suis toujours à 24 ou 25, et je crois que j’ai peut-être surestimé ma condition physique, mon matériel aussi, et surtout la façon même de penser l’autonomie complète (je me rappelle un gars du site ultraleger.com qui part avec tout le nécessaire vital avec 5 ou 6kgs, hors bouffe et eau). Bref j’ai peut-être 10 ans d’avance en fait. Mais en même temps, je commence enfin à vraiment profiter de mon excursion et il est clair que je ne regrette pas d’être parti, c’est mon choix, j’ai commencé enfin à comprendre certaines choses à la fin de l’étape, même si curieusement j’aurai trouvé ce 3° jour aussi éprouvant que l’étape fut la plus courte depuis mon départ. Je me revois avançant ce matin à 2 à l’heure, traînant des pattes, ne sachant pas trop pourquoi j’avançais…
Ce qu’on peut être bête et méchant à suivre des horaires, à se comparer aux temps des autres. Le problème est que si je continue comme j’ai fais hier, non seulement je ne tiendrai pas 2 jours de plus, mais surtout je ne profiterai de rien… et le GR10 deviendra mon GR maudit, ce qui n’est absolument pas mon intention.
D’ailleurs, j’écris ces quelques mots alors qu’il fait encore jour, une première pour moi depuis mon départ ! J’ai trouvé un camping à Ainhoa, un camping qui aurait du être fermé, coup de chance le propriétaire y fait des travaux ! A coté de moi, un allemand de la cinquantaine qui fait aussi le GR10 tout seul depuis Luchon, dans l’autre sens et ce depuis plus de 3 semaines ! Chapeau ! Je suis content d’avoir échangé quelques mots d’anglais avec lui, je commençais à me demander si j’étais le dernier randonneur dans le coin. Je regrette par contre de ne pas avoir essayer de sympathiser un peu plus, j’étais vraiment trop fatigué et mon seul désir ce soir était de me poser et de me reposer, de prendre le temps de m’imprégner de cette fin d’après-midi. Je suis bien content de parler d’autre chose que de poids et de pieds, je sens que les rencontres commencent à se faire, car le reste commence sérieusement à me saouler, je me sens littéralement obnubiler par ça, la souffrance occupe trop mon esprit. J’espère que ce soir tranquille permettra une petite amélioration de mon état.
Et que raconter de mes 4h30 de traversée, de Sare à Ainhoa ? Et bien ça n’a pas beaucoup monté, tracé de GR10 oblige, à cause de la frontière. En effet, à cet endroit, ça fait comme une enclave espagnole, ce qui fait que les montagnes d’ici sont toutes espagnoles… et le GR10 se voulant français (contrairement au HRP par exp.), il ne traverse à cet endroit précis que de vagues plaines et petites collines. Mais au final, elles permettent de découvrir ces villages basques, composés d’une blancheur et de couleurs éclatantes. En traversant tous ces villages, toutes ces maisons vraiment typiques, toutes ces ventas espagnoles – apparemment on y vient soi-disant pour faire de bonnes affaires, il régnait une ambiance assez bucolique, à travers de petits chemins et grandes prairies aux formes arrondies. J’ai rencontré quelques villageois sympas dont une charmante dame enthousiaste, qui a rappelé son chien qui ne voulait plus me lâcher – j’ai presque regretté son acte, un peu de compagnie ne m’aurait pas déplu ! Ce chien était adorable, il m’a rappelé Thibault de mon village, le chien le plus serein et le plus libre du monde, qui adore tout le monde et te regarde avec des yeux tendres de chien battu ! (En écrivant, je lève les yeux et aperçoit le col des trois Croix qui m’attend demain, il est d’un ton rougeâtre en ce début de soirée).
Quel temps depuis que je suis parti, pourvu que ça dure ! D’ailleurs, le meilleur souvenir de ma journée fut la mémorable sieste sous un chêne, que je me suis offert le long d’une rivière, après le repas de midi. Mon dieu que j’étais bien à regarder son feuillage, vibrant dans le vent, l’esprit complètement apaisé… Là, je me suis vraiment senti bien, et totalement en vacances ! Bonne nuit, à demain !
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2 commentaires:
En fait, il est en train de secouer la tête, c'est pour ça qu'il a les oreilles en vrille! :))) Et c'est vraiment un petit âne, il devait avoir quelques mois, et en venant me voir, on aurait dit qu'il avait la même curiosité, le même regard, que porte un nouveau né, ce petit moment tout simple de magie m'a bien donné du courage ce matin-là!
C'est super que t'ai rencontré plusieurs autres randonneurs au cours de ton périple.
En plus, le contact est souvent plus facile, plus direct que dans la vie de tous les jours. Les gens s'embarassent moins avec des futilités et sont plus libérés, plus ouverts. J'ai toujours trouvé ça curieux :)
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