Trêve de bavardages, me voici enfin parti… et ça n’a pas été facile aujourd’hui. Assez exténué pour un premier jour, je me sens mieux que dans les premières heures de la journée qui furent un véritable calvaire. Les rues goudronnées de Hendaye et ses alentours, quoique typique à la région et non dénuées de charme, ont été très dures à mes pieds, et pourtant je sais que ce n’est que le début…
Mais, enfin ! Depuis le temps que j’en parlais ! Pourtant, un manque d’ardeur m’a empêché d’avancer toute la journée. Ajouté au fait que j’ai eu de la difficulté à réaliser que j’étais parti pour de bon, laissant mes proches loin derrière pour un petit moment. Même s’ils sont présents dans ma tête et dans mon cœur, surmonter ce lot d’émotions et la crainte de ne pas arriver au bout à cause de la souffrance physique – trop précoce à mon goût, me sembla lors de longues pensées dépressives bien irréalisable… Il faut dire qu’aujourd’hui, sur cette route d’Hendaye et de
Une autre explication, beaucoup plus terre à terre, ce satané sac, 26kgs, beaucoup trop lourd… Mais comment ai-je pu me retrouver avec un sac si lourd alors que ça fait quelques jours que je me prépare au mieux ?… J’ai pas du tout capter ! Avancer seul sans l’émulation de mes petits camarades de randonnée, y fait beaucoup également, jamais je n’aurai pensé à ce point que leur présence me faisait tant avancer ! Pas facile donc durant ces premières heures, il est clair que je me souviendrai de cette détresse, pourtant loin d’être largué à l’autre bout du monde sans eau ni vivre. Je commence à comprendre que ce voyage aura du sens, beaucoup de sens, que ce sera vraiment un voyage intérieur. Et à l'idée de comprendre beaucoup de choses dans les prochains jours, d'en évacuer aussi, je commence à me réjouir.
Une fois bien retiré en nature, au bout de 2/3 heures, hors de la pollution sonore de la frontière franco-espagnole, la beauté des lieux m’a ramené à la raison. Une rencontre avec un cueilleur de champignons, ancien randonneur du GR10 (en intégral svp !), m’a redonné un certain enthousiasme, car il faut dire que je n’avais pas rencontré âme qui vive jusqu’à maintenant ; nous sommes bien sur la 2° moitié du mois de septembre, cela se voit, je pressens que les montagnes vont être vidées de tout âme qui vive !
Quelques bonnes surprises ont égayé le parcours, comme un faisan qui, quand il m’a vu, a détalé tel un lièvre, il aurait fallu voir ça, la scène était mordante! Avec quelques beaux rapaces dont de nombreux vautours – j’avais lu qu’ils étaient nombreux dans les Pyrénées en particulier dans le Pays Basque, les lézards m’ont tenu compagnie et même des salamandres – c’est la première fois que j’en voyais ! N’oublions pas les fameux Pottoka (pluriel de Pottok en basque), race ancestrale de chevaux qui ont frolé la disparition il y a quelques décennies, aujourd’hui un peu partout disséminés dans les montagnes, en semi-liberté. Ces chevaux ont quelque chose de très attachant et semblent sereins au milieu des collines verdoyantes de fougères. La nature, la flore, après 1 semaine de pluie sur le sud-ouest, est superbe, en ce temps pourtant nuageux et lourd, qui confère même une ambiance brumeuse et mystérieuse au Pays Basque, en fait tel que je l'avais imaginé. Certains chemins, malgré ce début d’automne, ont quelque chose du printemps, et sont particulièrement fleuris, des cocktails de bruyères de toute couleur, mélangées aux genêts d’hiver déjà pétillants de fleurs, de la mousse bien fraîche, quelques petites fleurs de pré mystérieuses…
Alors, bilan de la journée : j’avais prévu de faire la première étape de 6h30 (théorique), j’aurai quand même marché 6 bonnes heures, mais je suis quand même à 1h/1h30 de la fin de l’étape. J’essaie de me dire que ce n’est pas une course, ce poids n’y est pas pour rien et puis ce petit coin merveilleux m’a vraiment séduit, et sera – j'en suis sur, ressourçant. J’ai le son agréable de l’eau qui coule derrière moi, un vieux chêne majestueux qui me protège – d’ailleurs, il a du en voir passer des espagnols, fuyant la dictature de Franco au milieu du siècle, cet arbre étant non loin de la frontière, d’où mon explication supposée du nom du chemin le longeant: « La redoute des émigrés ». J’ai pris une petite photo de cet arbre superbe, qui j’espère lui rendra honneur. Mon regard porte alors sur
Et bien sur ce, je m’en vais digérer mon plat de riz massif, que je viens de terminer entre temps, le feu s’éteint lentement pour une énième fois (tout est mouillé ici…). Je vais donc continuer à profiter un peu de cette belle nuit, le sommeil ne devrait pas être pour long ! Pourtant seul, je me sens bien ici, le tout étant de ne pas se laisser aller à des idées morbides... C'est facile quand on est seul dans le noir, un peu au milieu de nulle part! Bonne nuit, à demain !
JC, le lundi 18 septembre à 23h.
3 commentaires:
Merci pour tes quelques mots, mais aussi pour les petites précisions de l'orthographe française... et surtout les subtilités de la langue basque! On en apprend tous les jours! :)
Merci d'avoir gardé cette authenticité quand tu as écrit ces lignes. J'ai vraiment l'impression d'être une petite souris et de vivre tout ça en même temps. Tu arrives bien à retracer toutes tes émotions et j'attends la suite de ton récit avec impatiente !!
Aaah, le tout premier jour d'une aventure c'est toujours un moment particulier. Quand on hésite, qu'on se pose pleins de questions comme "est ce que tout va bien se passer ?", "est ce que j'ai bien fait de partir seul?", etc ...
Mais tout à l'air bien parti, mise à part le poids du sac ... Et oui, ça pèse un jambon de Bayonne ! (private joke :p)
Enregistrer un commentaire