15 février 2010

Randonnée raquettes et cirques glaciaires...

Les 23 et 24 janvier 2010.

En compagnie de David et d'une amie, je redécouvre sous la neige l'un des plus beaux belvédères de Gavarnie qui soit, le refuge des Espuguettes. Bien que désert, un couple d'isards et quelques oiseaux semblent avoir pris possession des lieux et profitent des quelques brins d'herbes dégagés et de la dernière source d'eau liquide à proximité. Plus que surement, ils donnent à ce lieu une ambiance particulière, un dernier retranchement où la vie en conditions extrêmes, s'accroche durement et surprend par sa faculté d'adaptation.

Je décrivais ma dernière aventure comme "pleine de bonne humeur", celle-là n'en manquera pas. Les cabrioles de David m'ont offert de nombreux fou-rires en marchant (mais également lors du montage!!) Monter au refuge est un peu rude, ça grimpe continuellement mais le cadre est superbe: on traversera différents étages de forêt, des feuillus jusqu'aux conifères, pour ensuite marcher sur une neige vierge, avec comme décors de fond le cirque de Gavarnie, les sommets et la Brèche! Tout en haut en face de nous le refuge trône, bien après se découvre le pic du Piméné (2801m), et un peu plus au Sud la Hourquette d'Alans (2430m), avec à sa droite un magnifique chapelet de pics aux nombreuses formes et couleurs. Avec un peu de chance et de volonté, nous y serons demain! Mais nous avons une certitude: Ce soir, il ne fera pas chaud dans le refuge dont le confort, plutôt sommaire, est à mille lieux du refuge de la Glère, mais ce sera suffisant pour passer à nouveau une excellente soirée aux odeurs d'encens, de thé et de bougies.

A l'opposée, la seconde journée sera longue et rude! La brume apparait, disparait, mais n'entendant pas cela comme un avertissement, nous tentons alors de grimper jusqu'à la Hourquette d'Alans. Ensuite nous passerons derrière ce col escarpé pour rejoindre le cirque d'Estaubé, et enfin revenir par une grande boucle longue mais facile, qui nous ramène directement au village par le plateau de Coumély. La montée au col sera rude, le sentier est caché sous une épaisse couche de neige, pas un seul cairn. Les mélanges de tons de gris et de bleus sont stupéfiants, ces couleurs se prêtent même au massif du Vignemale dont les sommets lointains se découvrent le temps d'un sursaut de brume. Après une laborieuse marche sur une pente glissante et bien trop raide pour les raquettes, 3 courtes heures ont passé alors que le col daigne se montrer. C'est alors qu'en l'espace de 5 minutes, le brouillard nous tombe littéralement dessus, et toute visibilité supérieure à 3 mètres disparait. Tout est "blanc dessus dessous"!

Après tant d'efforts, il est toujours difficile de renoncer à ses idées premières et de rebrousser chemin. La boule au ventre sur ce col si raide et sans visibilité, alliée à un zeste de sagesse - il était temps d'en faire preuve, nous aideront à prendre la bonne décision: faire demi-tour! Et c'est loin d'être gagné, car notre tracé ressemble bien à un chemin à sens unique, les derniers mètres étant tellement raides et glissants qu'on en arriverait à s'épater de nos talents d'équilibriste. Revenir sur nos propres pas nous semble alors irréalisable. Nous déchausserons donc nos raquettes afin d'attaquer directement la pente, encore plus raide certes, mais avec une épaisseur de neige suffisante pour y planter les pieds à plus de 50cms, ce qui permet d'avoir un bon appui. Pour ce nouveau tracé, nous ne connaissons qu'une chose - et c'est déjà beaucoup, la direction.

Nous ne voyons strictement rien, comme dans un rêve éveillé. Nous marchons en aveugle, seuls nos pieds nous indiquent le sens de la pente. Les trois longues heures qui nous attendent seront vraiment initiatiques, avec parfois l'impression de perdre ses repaires et de marcher à l'envers. Prisonniers du blanc, la neige se met alors à tomber avec force. Chaque pas demande son temps et son attention, seule assurance contre d'éventuel trou caché ou crevasse. Et enfin, l'ombre d'un arbre, un bruit lointain de ruisseau et puis le refuge, à partir duquel la brume commençe à s'éclaircir. Certes, il nous reste bien plus d'une heure pour rejoindre le village, mais je pousse un gros soupir de soulagement!

Éreintés et euphoriques à la fois, nous descendrons les dernières pentes entre luges improvisées et ski sur chaussures, à la tombée de la nuit! Je ressens à nouveau la jouissance d'avoir souhaité et subit à la fois un tel effort dans un tel cadre, mais je ne peux m'empêcher de nous estimer incroyablement chanceux! Sur ce même lieu, une année et des poussières auparavant, pour une toute petite inattention je dégringolais et me fracassais la cheville en redescendant le Piméné. A nouveau, me voilà mis au défi...

Ce lieu est vraiment de toutes les épreuves! Sa beauté est à l'image de l'aventure vécue, inqualifiable par de simples mots. A mon retour les images ne manquaient pas, je profite donc de cette petite vague de froid pour me replonger dans cette belle aventure, en voici donc un petit montage, j'espère y faire passer quelques unes des nombreuses émotions vécues! Très bon visionnage aux intéressés des Montagneuuu Pyréénééééeuuuuu !




Watch in HD ^^

4 commentaires:

Rémy a dit…

Brrrr, rien que de lire ce récit, j'en ai des frissons ! Moi qui croyais (à moitié quand même :P) que tu t'étais assagi :D

En même temps, en compagnie de David, le contraire m'aurait étonné :D

Je sais que ça te prend pas mal de temps mais continue de nous relater avec autant d'émotions tes aventures pyrénéennes, c'est un plaisir de les lire ;-)

Je regarderai la vidéo ce soir :-)

gidebo a dit…

encore une belle aventure pyrénéenne...mais y en a-t-il des moches ? j'en doute

c'est de bien bonne lecture que tu nous offres là, un récit vraiment chouette, mais maintenant que tu t'es remis, t'es condamné à continuer :D

comme rémy, la video ca sera pour plus tard, mais j'ai hâte de voir ca :)

Chrisounet a dit…

Merci à tous les deux, toujours premiers dans la lecture, je suis très content que ça vous plaise!

C'est qu'avec David, et avant de partir je lui ai signalé, qu'on part tout le temps dans de ces trucs... Ça faisait 2 ans qu'on n'avait pas randonné ensemble, et bien c un sacré retour !!

En tout cas, je continuerai à relater donc :P C'est vrai qu'entre les 2 heures à écrire le texte, et les 6 ou 7h de travail sur la vidéo, le temps passe vite!

gidebo a dit…

ayé, vu la video :)

quel brouillard à la fin !!! mais quelle beauté dans ces décors enneigés, vraiment sublime !!!