Le temps de plier la tente, ranger mon sac (mais quel bordel ce sac !), de faire sa toilette et surtout de finaliser un tout nouveau bandage+pansements made in JC (le JC espérant que cela tienne le plus longtemps possible), et c’est parti !
Rêve comme si tu vivais éternellement. Vis comme si tu allais mourir aujourd'hui.
09 octobre 2006
Rando GR10 - Récit du 4° jour
« Camping d’Ainhoa – Gîte de Bidarray »
Quelle journée !
Le temps de plier la tente, ranger mon sac (mais quel bordel ce sac !), de faire sa toilette et surtout de finaliser un tout nouveau bandage+pansements made in JC (le JC espérant que cela tienne le plus longtemps possible), et c’est parti !
Je remonte dans les ruelles d’Ainhoa et quitte rapidement la ville. Je sens que mon pied ne va pas mieux mais le bandage fait des miracles, et j’arrive ce matin à retrouver un rythme plus habituel de marche soutenue. Je grimpe donc au col des Trois Croix, le chemin étant parsemé de croix, d’une chapelle ouverte et même d’une jolie chapelle protégée par un chêne ancestral, et dominant toute la vallée d’Ainhoa. Ce panorama me permet d’ailleurs de me remémorer toute la route parcourue lors des trois premiers jours. Ca n’a pas été facile, mais la région est vraiment belle. Le Pays Basque est tellement bien situé qu’il y pleut abondamment et même en cet automne, tout est pratiquement vert et fleuri (ce qui va m’attendre dans la suite de la journée en sera le contre-exemple par contre :p). Je revois la Rhune au loin, longée 2 jours plus tôt. Ca fait un bout de chemin mine de rien. Je me demande jusqu’où j’irai aujourd’hui, Bidarray est à 7h théorique de marche et 1000m de dénivelé, on verra bien. J’en profite pour faire quelques ultimes photos et même vidéos explicatives.
Je continue, franchit col sur col, une fois de plus en marchant sur la frontière, France à gauche, Espagne à droite. Je vous dirai, pour le savoir, ben ça ne se voit pas du tout ! :p Et quel vent ! Je me suis fait surprendre à plusieurs reprises, ça commence par le chapeau et ensuite on se retrouve 2 ou 3 fois bousculé violemment ! J’ai parfois du m’écarter du bord et bien me retenir avec les bâtons pour garder l'équilibre. En dehors des plages bretonnes, jamais je n'avais subi un tel vent… Il parait que ça vient de la côte. Je dois avouer que l’idée de planter la tente dans le coin ne me réjouis pas du tout. Déjà pas trop rassuré, je n’ai pas trouvé d’eau non plus, je sais que j’aurai des cols toute la journée et que la descente qui sera normalement raide, ne risque pas de comporter de coin favorable à un campement… La suite de la journée me donnera raison.
6h après le départ, je prends mon courage à deux mains, et redescend toute l’altitude grimpée pour Bidarray. Quelle aventure ! Quel vide ! Je me retrouve en train de descendre au bord d’un ravin impressionnant, j’y suis allé plutôt mollo, mes jambes commencent à flancher et le poids du sac modifie mon centre de gravité. Qui a dit que le Pays Basque ça ne grimpait pas, sérieux ! Non seulement les montées sont sacrément raides, mais le relief est aussi impressionnant ! Un peu plus loin, dans le roc, une grotte m’a intriguée et j’apprendrai plus tard qu’elle se nomme la grotte du « Saint Qui Sue », où des guérisons miracles se seraient produites. Je termine par 2,5kms de route interminable, en longeant la Nivelle. Je retrouve la forêt, le coin est magnifique, c’est certain, mais là c’est long, c’est très long. L’envie de faire du stop me prend, mais en 45mns de marche, je ne rencontrerai pas une seule voiture !! Puis je découvre la bonne surprise d’une montée pas commune à travers la forêt, soi disant raccourci pour Bidarray. Allez, un dernier effort, pour au final trouver je ne sais quoi… En effet, je ne sais pas encore où ni comment je vais dormir. J’espère vraiment du fond du cœur que je trouverai facilement. J’accoste un paysan qui me dit que le camping est loin, très loin, à l’autre bout du village et en plus, excentré par rapport au GR10 : Arrrgg !! Mais il me dit aussi qu’il y a des gîtes, à quelques centaines de mètres.
Fort sympathique, il m’a remis en confiance, un gîte, pourquoi pas, je n’y ai jamais mis les pieds et je n’ai vraiment pas envie de me refaire 2 ou 3 Kms de goudron ! J’arrive, le patron était dehors, il a de la place et c’est 13€ (à peine plus cher qu’un camping !!) pour un bon lit au chaud et donc pas de tente à défaire ! Que demande le peuple ! 5mns plus tard, j’apprends que la providence était de mon coté, car il se mettra à pleuvoir toute la soirée. Décidément, le sort fait bien les choses depuis mon départ, je me suis toujours sorti sans grand mal des moments pas évidents à gérer.
Bien calmé mais fier de l’étape réalisée, la journée n’était pas finie ! Rencontre avec 2 compagnons de chambrée, la cinquantaine, qui faisaient aussi le GR10, demain sera leur dernier jour. J’avais fini par croire (c’est marrant, je me répète) que j’étais tout seul ! En fait on se suivait depuis quelques jours, et il me semble les avoir aperçu en faisant ma sieste la veille, ils étaient derrière moi. On a discuté un peu, ils m’ont offert un saucisson au foie dont ils voulaient absolument se débarrasser (mise au régime une fois la rando terminée ??). L’un me débat, sans avoir vu mon sac, que 10Kgs c’est le max pour un sac, sinon c’est trop lourd ! Hum oui d’accord…
Après une bonne douche et le linge propre, je file faire ma popote quand je me retrouve au milieu d’une cohue d’une vingtaine de jeunes. Je parle avec leur chauffeur, j’apprends qu’il est le chauffeur attitré d’une école agricole de Normandie. En fait ils sont tous là pour découvrir comment travaillent les agriculteurs du coin, ce qui apparemment leur est très bénéfique car les paysans basques ont une façon bien à eux de voir l’agriculture. En effet ils travaillent beaucoup sur de petites exploitations (10 à 30 hectares ), s'entraident le plus possible entre eux, et sont à fond sur le tourisme et donc les AOC. Ce qui à l’heure de l’agriculture industrielle avec des exploitations de 300 hectares en Normandie par exemple, est plutôt incroyable et représente une source d’inspiration de ce que devrait être l’économie, durable et partagée. Et ce qui est génial c’est que ce chauffeur (d’origine parisienne !) est aussi passionné que ses élèves, ce n’est pas la première expérience du genre qu’ils ont, et partager ça avec lui est un vrai plaisir. Je continue ma popote et voilà qu’une demoiselle du groupe vient me demander si je voulais manger avec eux ! Et pourquoi pas me dis-je ! Je me suis donc retrouvé avec tout ce monde, le chauffeur en face, et ça a été une soirée géniale ! On a bien ri, j’ai appris beaucoup de choses, partagé mon aventure, et le tout jusqu’à 23h ! C’est pour de tels moments géniaux et inattendus que je suis vraiment ravi de faire cette aventure, surtout après une telle journée, où j’aurai réalisé ma plus grosse marche de la semaine. Il a fallu suer sang et eau - et il faudra continuer encore et encore, mais le bonheur d’être là mûri de jour en jour !
Fatigué mais heureux, je rejoins mes compagnons de chambrée, qui étaient allés au resto ce soir – dire que j’ai failli les suivre ! Ils dormaient depuis belle lurette, je ne fais pas de bruit et douce nuit, plus que jamais me voilà ! Une journée loin d’être perdue dans cette courte, mystérieuse et insensée vie qu’est la notre.
Le temps de plier la tente, ranger mon sac (mais quel bordel ce sac !), de faire sa toilette et surtout de finaliser un tout nouveau bandage+pansements made in JC (le JC espérant que cela tienne le plus longtemps possible), et c’est parti !
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2 commentaires:
Super le récit avec les vidéos :-)Sur la dernière "yaduvent" heureusement que tu n'as pas parlé sinon on aurait rien entendu lol ;p !
Merci pour les émotions que tu nous fais partager c'est toujours un plaisir.
Du moment que j'arrive à les partager, j'en suis franchement ravi ! :) Merci de prendre le temps de les lire ;)
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